Avec Émilie, nous allons au restaurant pour souper, quand nous tombons sur la préparation d’un concert. Nous sommes plutôt surpris parce qu’en après-midi tout ce qu’il y avait sur cette place, c’était des vaches, des sadhus, un charmeur de serpent et quelques masseurs, le tout dispersé entre les bouses de vache.
Et maintenant, tout a été nettoyé et transformé en amphithéâtre.
La représentation devrait commencer bientôt, car l’endroit est presque plein.
Nous traversons-le devant la scène et l’on voit des gens qui finalisent l’installation des décors. Une fois rendu de l’autre côté, Hocine voit le micro. Il me regarde et me dit une phrase tirée d’un spectacle de Jean Leloup qu’il me répète depuis le début du voyage :
- Tu y croiras pas, mais j’vas l’faire quand même.
Il part et va directement au pupitre et commence à souffler et à vérifier si le micro fonctionne.
Aucun son. Il pousse sur l’interrupteur du micro:
Test 1 2 1 2
Et commence:
Puisque le micro est ouvert
Je voulais vous dire pouce pouce pouce
Y a l’ozone qui perd sa housse
C’est l’atmosphère qu’on éclabousse
On respire plus on tousse
Ça sent la mort pour tous
Dans le Gange trop de plastique qui pousse
Dans nos jardins plus rien qui pousse
Y a trop de médicaments pour tous
Trop d’arbres que l’on couche
Trop d’animaux qu’on effarouche
Alors, je dis pouce pouce pouce
Tu places ta vie du côté bourse
Ne sens-tu pas toutes ces secousses
C’est la terre qui nous rembourse
J’aimerais que tu sortes de ta « house »
Et que comme moi tu lèves le pouce
Et que tu dises pouce pouce pouce
Pendant son discours, j’ai le temps de monter dans les gradins pour faire des photos de là-haut.
Une fois terminé, il s’avance devant la scène pour saluer la foule qui est plutôt perplexe. Alors, un homme va au micro pour lui demander avec le calme et la tolérance indienne :
- Please Mister, now can you go?
Hocine sort de scène et je redescends retrouver tout le monde.
Quand j’arrive, la gang est surexcitée et les quatre rient et parlent en même temps.
René demande à Hocine d’où il a pris ça.
Hocine : C’est un brouillon d’une chanson que j’ai fait il y a longtemps. Et là j’étais plutôt énervé alors j’ai dû me planter sur un couplet.
René: Mais j’ai pas compris pourquoi tu répètes pousse pousse pousse?
Hocine en lui montrant son pouce : Pouce, le doigt. Lever son pouce c’est une expression enfantine pour dire j’arrête de jouer. Tu vois bourricot!
Nous continuons à rire et à parler sous le regard des indiens qui se demande qui nous sommes. Puis nous repartons joyeusement tous le pouce en l’air.